Souvenirs de Jacques Martin

Bon ! Je n'ai pas très envie de parler d'albums, ce matin, et j'imagine que c'est également votre cas.

Jacques Martin nous a quitté et la seule chose dont j'ai envie de parler, c'est bien de lui, de ce qu'il était et de ce qu'il a représenté.

Pour la plupart, vous avez eu l'occasion de le rencontrer et de lui parler et cela ferait peut être du bien à tout le monde de reparler de ces moments.

Pour ma part, je l'ai connu assez tard. C'est lors de la rencontre des enfants d'Alix à Versailles que j'ai vraiment eu l'occasion de parler longuement avec lui.

C'était un causeur intarissable. Nous étions cinq à sa table, et il nous a raconté des tas d'histoires jusqu'à ce que la soirée soit bien avancée. Il mimait les choses (par exemple lorsqu'il nous a raconté sa fameuse anecdote au sujet d'E. P. Jacobs) et c'était parfois très drôle.

Lorsque je suis allé le voir à l'hôpital cet hiver, entre Noël et Nouvel An, il était bien fatigué. Au bout d'un moment, toutefois, il a commencé à m'interroger sur ce qui se passait actuellement dans la BD, et son oeil est devenu plus vif. La conversation a démarré et l'amour qu'il avait pour son métier (et pour le dessin) a ressurgi. Il s'est mis à raconter des anecdotes, à me demander ce que je pensais des derniers albums, et ainsi de suite. C'était vraiment un passionné.

C'est une très belle idée, Raymond.
Ma première visite chez lui est assez révélatrice du personnage qu'il était. Comme notre ami Lion, fan parmi les fans, venait en Belgique et que je devais le rencontrer, j'ai pris mon courage à deux mains et j'ai téléphoné à Jacques Martin, qui ne me connaissait absolument pas. J'ose lui demander si je pouvais venir chez lui avec un ami portugais, et il me répond directement :"Venez demain, ça me fera plaisir". N'ayant pas de GPS à l'époque, je me suis perdu dans le dédale des petites ruelles de campagnes et je lui ai téléphoné pour m'excuser du retard et demander le chemin. "Malheureusement, je ne peux venir vous chercher à cause de ma vue" me répond-t-il. C'est lui qui s'excusait! Quand nous sommes arrivés, nous avons poussé pour la première fois la porte de son atelier et là -ceux qui ont eu la chance de le faire me comprendront- la magie opérait à 100%. Nous avons été reçus merveilleusement par Jacques Martin et sa fille Frédérique.
Par la suite, à chacune de mes visites, c'était le même accueil chaleureux, je rencontrais un homme toujours passionnant et passionné, à la mémoire prodigieuse, aux anecdotes savoureuses et se projetant toujours vers l'avenir. Il avait des tonnes de projets, d'idées, dont il savait que la plupart ne se réaliseraient pas, mais peu importe. Je garde de ces visites un souvenir vraiment fabuleux.
Toujours simple et disponible, même quand sa santé déclinait, il me raccompaganit chaque fois jusqu'à l'entrée de sa maison en me disant d'être prudent.
En ce qui concerne les 3 week-ends qu'il a nous a consacrés, nous ses fans, deux en Alsace et un à Versailles, tous les participants pourront témoigner de sa disponibilité totale, de sa gentillesse et de son charisme. Ce furent là des moments privilégiés, rares et qui resteront gravés dans les mémoires de chacun d'entre nous.
J'aurais voulu le remercier une dernière fois pour tout ce qu'il nous a apportés, à nous ses fans et je me réjouissais de lui offrir une bouteille de Bordeaux "Alix" que je comptais lui offrir à son retour et dont je lui avais parlé récemment au téléphone
Je remercie ici sa fille Frédérique, qui a hérité de la gentillesse et du sens de l'accueil de son père et qui est maintenant la gardienne du temple.

Oui Raymond, je crois effectivement que c'est le meilleur moyen de nous rappeler qu'au-delà même de son oeuvre il était également un formidable témoin de cette grande épopée du journal Tintin.

Ainsi, lorsque pour la première fois (auparavant, je l'avais simplement croisé lors de séances de dédicaces), j'ai pu l'approcher de près lors du voyage en Alsace de 2007, j'ai été tout de suite frappé par sa très grande érudition et son intarissable talent de conteur (avec cette évidente faculté de resituer le moindre évènement dans son contexte historique).

Et puis, évidemment, je n'oublierai jamais cette "veillée" à l'hôtel avec les participants, où il se prêta avec bienveillance à répondre aux multiples questions, en évoquant notamment les rapports qu'il avait entretenus avec ses illustres confrères Hergé, Jacobs, Bob de Moor, Cuvelier (pour qui il avait une particulière affection), Laudy...

Une journée mémorable et inoubliable.

Ce que dit Jean-Marc me rappelle une autre chose qui m'avait frappé chez Jacques Martin : c'est sa très grande courtoisie et son intérêt pour les gens.

J'ai une anecdote qui est très révélatrice de ce trait de caractère. Je vous ai déjà dit que j'avais fait sa connaissance à Versailles pendant l'automne 2008, lors des Enfants d'Alix, et au début 2009, je me suis permis de l'appeler chez lui à Pully. Il s'est tout de suite souvenu qui j'étais, alors qu'il ne m'avait vu qu'une fois au milieu de beaucoup de personnes, et il m'a invité à passer le voir. J'ai été frappé par ce petit détail qui prouvait bien qu'il ne montrait pas une courtoisie de façade. Il aimait rencontrer et parler avec les gens.

Voici une preuve(s'il en faut) de la disponibilité du maître et de son attention envers ses lecteurs;Lettre reçue en 1989 en réponse à la mienne déposée lors des kids 89 de Tourcoing!Je n'ais jamais pu rencontrer J.Martin, à mon grand regret.

[url=Cliquez ici pour voir mon image]Cliquez ici pour voir mon image[/url]

Je ne peux dire beaucoup plus que Jean-Marc, qui a très bien résumé ma première visite chez Jacques Martin. Le souvenir de cette visite restera toujours avec moi !
Je n’oublierais jamais sa disponibilité, et sa gentillesse !
Disponibilité et gentillesse pour ses lecteurs, étaient le ‘middle name’ de Jacques Martin!

Merci pour vos témoignages très précieux. Pour ma part je n'ai malheureusement jamais eu l'occasion de le rencontrer.

Je souhaitais juste partager ce dessin, ... qui ferait un bel hommage de ses personnages à l'auteur... (si on changeait la tête de la statue !)
Mais..je me demande après coup s'il n'a pas déjà circulé sur le forum.. ?

C'est une belle idée. Cela rejoint le titre du 24 Heures en Suisse qui écrivait : "Alix et Lefranc orphelins de Jacques Martin"

J'ai retrouvé sue le web une interview de Jacques Martin accordée le 23 mars 2001 à la bibliothèque de Chassieu.

Malgré qu'il date déjà de près de 9 ans, cet entretien me rappelle par beaucoup d'aspects certaines confidences qu'il nous confia en soirée dans la salle de l'hôtel lors du voyage en Alsace de 2007.

http://ecole.pagespro-orange.fr/erato/horspress/martin.htm

Moi, j'ai fait un truc assez incensé. En juillet 2002, j'étais en vacances en Belgique, avec ma femme et mon fils Corentin. Nous campions pas très loin de sa demeure. J'avais visité Bruxelles les jours auparavents , et le dimanche, je dis à Ikuko, ma femme: "si nous allions voir la maison de Jacques Martin". Il faut vous dire que j'avais l'adresse, car en 1986, il avait répondu à une lettre, j'en ai parlé sur Alix Mag'.Bref, nous trouvons la maison, chemin difficile pour qui connait cette région . Je reconnais sa maison, grace un reportage paru quelques années plus tôt dans télé 7 jours (que vous pouvez voir sur le blog Alix 60).A ce moment là, le but de la visite était de voir la maison de Jacques Martin, rien d'autre. Mais comme j'étais devant la maison du Maître, Ikuko me pousse, sans dificulté je l'avoue, à sonner .Jacques Martin lui-même me répond, et je dis , balbutiant:"Bon-bonjour, je je suis un ad admirateur de vovotre oeuvre, je viens de Toulouse vous saluer". Jacques Martin m'ouvre sa porte et nous avons passé là une grande partie de l'après-midi. Il m'amena même dans le saint des saint, l'atelier, où je vis les planches d'El Paradisio!
Un grand moment de ma vie, et quand nous sommes partis, je ne savais pas que je reviendrais plusieurs fois , jusque l'été dernier, où je l'ai vu pour la dernière fois!
Merci Maître, pour tout!

Veinard !

Treblig a écrit:J'ai retrouvé sue le web une interview de Jacques Martin accordée le 23 mars 2001 à la bibliothèque de Chassieu.

Malgré qu'il date déjà de près de 9 ans, cet entretien me rappelle par beaucoup d'aspects certaines confidences qu'il nous confia en soirée dans la salle de l'hôtel lors du voyage en Alsace de 2007.

C'est vrai que, d'une certaine manière, il va rester présent grâce à tous ces livres d'entretiens dans lesquels il se confie en détail. Il n'a cependant pas tout raconté et ceci me rappelle une petite remarque que j'ai entendue au printemps 2009. Il m'a dit une fois que son souhait était de rencontrer un écrivain pour lui raconter en détail sa biographie, afin que ceci fasse l'objet d'un livre. Cependant, déjà cette époque, il était accablé par divers ennuis de santé et et ceux-ci ont continué à se succéder. Il n'a pas eu l'occasion de réaliser ce projet et je le regrette un peu.

Grâce à mes parents, je possède un enregistrement vidéo d'une interview de J.Martin, par Paul Amar, sur Paris -Première concernant la sortie de "ô Alexandrie" avec la présence de Raphaël Moralès.
Comment transférer une vhs sur un dvd et comment vous l'envoyer?
Merci de m'envoyer la solution

Il te faut trouver une personne qui possède un logiciel et une pièce de connection reliant le lecteur vidéo avec l'ordinateur, afin de pouvoir numériser ton film. Je possède ce genre d'équipement, mais le plus simple serait de chercher parmi tes proches. Si tu ne trouves personne, j'ai ce qu'il faut pour faire ce genre de travail.

jfty a écrit:Grâce à mes parents, je possède un enregistrement vidéo d'une interview de J.Martin, par Paul Amar, sur Paris -Première concernant la sortie de "ô Alexandrie" avec la présence de Raphaël Moralès.
Comment transférer une vhs sur un dvd et comment vous l'envoyer?
Merci de m'envoyer la solution

Quand on est équipé comme moi d'un graveur de DVD de salon, il suffit de lire sa VHS et de lancer l'enregistrement.
Ensuite... il n'y a plus qu'à poster sur un serveur web (type Dailymotion ou Youtube, ou Wimeo), le fichier numérisé, soit directement en format .VOB (fichier créé sur son DVD) ou en .AVI (compressé).
Donc, même réponse que Raymond. ... A ton service éventuellement.

Nous l'avons déjà mis en ligne, mais le serveur dans lequel il était diffusé ne fonctionne plus, nous remettrons cette emission prochainement sur dailymotion. Une des meilleure émisson avec Jacques Martin, avant bien sûr la sortie des héros de papier de Dury, qui le must!

Tous les 4 ans....
Pour moi, la première fois fut à la foire du livre de Bxl en 1998. Il était au stand Dargaud aux côté de Chr. Simon, Michel Robert et R. Morales. M. Robert pour "Sur la voie d'Alix" et R. Morales pour "Les Barbares". Tout le monde était autour de R. Morales et personne pour nos trois autres auteurs. J'en ai donc profiter un max pour discuter avec eux. JM a encore put, ce jour-là, me faire une dédicace que j'appelle automatique. J'ai put aussi faire des photos de nous tous mais à ma grande surprise en rentrant le soir chez moi il n'y avait pas de film dans l'appareil....quelle désolation. Ensuite plus rien pendant 4 ans.
Ensuite plus rien jusqu'en 2002 au CBBD pour les 50 ans de Lefranc mais là vu le monde présent je n'ai pas pus m'enapprocher. Par contre ce fut ma première rencontre avec Christian Merland qui présentait ses toutes premières statues sur "El Paradisio". Ensuite plus rien pendant 4 ans.
En 2006, je tombe par hasard sur le site des EDA et je leur écrit. Christophe me répond très gentiement mais me transfert sur Stéphane et Jean-Marc. A partir de cette année là, grâce à Jean-Marc, j'ai pus le voir régulièrement mais pas aussi souvent que je ne l'aurai voulu. Je ne serai jamais assez reconnaissant envers Jean-Marc car il m'a vraiment poussé à y aller alors que je n'osait pas faire le pas.
Dernière anecdote, Stéphane s'en souviendra, c'est a l'hôtel de Buc lors du WE à Versaille. Nous avons été tous les deux pris à part par JM et nous avons reçu une engueulade monstre parce que nous avions, nous, critiquer un de ses auteurs. Nous avons quand même pus nous expliquer mais rien n'y fit il restait sur ces positions. Quelques mois plus tard ils nous a revu, il n'avait pas oublié, mais il était très heureux de nous revoir...c'était ça aussi JM.

Pour revenir sur cette interview de Jacques Martin accordée à Paul Amar en 1996 pour Paris Première. Je suis en train de la monter en deux parties de 20 mn pour la mettre sur Dailymotion d'ici une semaine ou deux. Cette émission dure 40 mn + pas mal de pages de publicité qui seront bien évidemment coupées. Assez d'accord avec Stéphane, c'est l'une des meilleures (sinon la meilleure) interview de Jacques Martin. Paul Amar avait vraiment bien préparé son travail.

Eh bien, merci Christophe ! Cela va simplifier les choses pour jfty.

Bernard a écrit:
Dernière anecdote, Stéphane s'en souviendra, c'est a l'hôtel de Buc lors du WE à Versaille. Nous avons été tous les deux pris à part par JM et nous avons reçu une engueulade monstre parce que nous avions, nous, critiquer un de ses auteurs. Nous avons quand même pus nous expliquer mais rien n'y fit il restait sur ces positions. Quelques mois plus tard ils nous a revu, il n'avait pas oublié, mais il était très heureux de nous revoir...c'était ça aussi JM.

Eh oui, Jacques Martin avait du caractère !

Merci, Christophe,cela m'arrange évidemment

J'ai eu la chance de rencontrer Jacques Martin à quatre reprises.

La première a eu lieu le 24/11/90 à Charleroi. Ensuite le 25/08/98 à Koksijde et les deux dernières et de façon très privilégiée en mars 1999.

Je vous raconterai mes souvenirs car je suppose que vous prendrez autant de plaisir que j'en ai à lire les vôtres.

Mais tout d'abord, je vais vous relater une anecdote qu'un ami libraire m'a rapportée et qui est en liaison avec ce qui a été écrit plus haut à propos du caractère de M. Martin :

Certains libraires de Bruxelles ont eu la surprise de voir débarquer Jacques Martin dans leur boutique et après avoir opéré quelques vérifications, celui-ci les a réprimandés pour ne pas avoir mis à jour les manques éventuels de sa collection dans leurs bacs.

Je trouve cela exceptionnel! Quel éditeur ne rêverait pas d'avoir un auteur aussi combatif. Cela nous prouve qu'il était passionné et défendait son oeuvre, ne manquant pas de descendre sur le terrain.
Voyons, si même les libraires spécialisés en BD de Bruxelles ne possèdent pas tout Jacques Martin, ce n'est pas sérieux! Mais M. Martin y veillait .

david a écrit:J'ai eu la chance de rencontrer Jacques Martin à quatre reprises.
La première a eu lieu le 24/11/90 à Charleroi.

Moi aussi, il s'agit de ma première rencontre avec lui à Charleroi cette année-là! Il était avec Pleyers et j'ai eu là ma première dédicace à l'occasion de la sortie du Trésor des Templiers de Jhen. Une rencontre inoubliable et ô combien marquante pour moi!
Tu es de la région, David?

Oui, Jean-Marc. Je suis du Hainaut.

Je me souviens parfaitement de cette première rencontre. J'ai obtenu deux dédicaces du Maître ce jour-là: Alix dans "Alix l'Intrépide" édition originale et l'autre dans le tirage de tête de "Vercingétorix". Cette dernière a d'ailleurs été publiée dans la presse car lors du décès de Jacques Martin, une journaliste m'a interviewé à propos de ma collection et de mes souvenirs et le photographe qui l'accompagnait a tiré quelques clichés dont cette dédicace particulière.

Ce jour-là, j'ai aussi acheté la sérigraphie éditée pour l'évènement. Il y avait un monde fou devant lui. Il a fallu s'armer de patience et jouer un peu du coude. Mais quel souvenir : quelques mots échangés, un serrage de main et deux magnifiques dessins en souvenirs matériels.