Je ne pense pas que les martinophiles lisent souvent l’Ogresse. Cet album n’a pas une grande réputation, il est vrai, même si Jacques Martin y invente un scénario très original.
Cette aventure emmène Arno de l’autre côté de l’Atlantique, dans une Amérique qui vient de conquérir son indépendance. La Louisiane n’a pas encore été vendue aux Etats Unis et les rives du Mississipi sont bordées par les florissantes propriétés des planteurs de coton. Curieusement, ce vaste pays peuplé de colons français est alors sous domination espagnole. Il faut se souvenir que la Louisiane avait été cédée à l’Espagne par Louis XV à l’Espagne à la fin de la Guerre de 7 Ans, avant que Napoléon ne la récupère aux débuts du XIXème siècle, pour la vendre presque aussitôt aux américains.
Arno a traversé l’Atlantique pour délivrer la belle Camille mais cette quête tourne vite court puisqu’il la retrouve mariée au contremaître John Greenwood. Plutôt que de repartir dépité vers l’Europe, il acquiert le domaine de Twin Alleys où il découvre la vie oisive et les mœurs relâchés de ses voisins. Parmi eux, la comtesse Armande de Pouly de Belmont (l’ogresse du récit) nous permet de retrouver un portrait classique du monde martinien : celui de la dangereuse « marâtre », dont le comportement sans scrupule va être à l’origine d’un drame sanglant. Relevons que ce genre de tragédie se retrouve surtout dans certaines aventures d’Alix, comme par exemple le Fils de Spartacus ou le Cheval de Troie.
La fortune de ces riches fermiers provenait de la richesse du pays, bien sûr, mais aussi de la tyrannie qu’ils exerçaient sans scrupule sur leurs esclaves. La majeure partie du récit raconte les malheurs d’une famille noire, dont le chef de famille Jonas est devenu cuisinier dans la maison de « l’Ogresse ». Sa fille est assassinée par le jeune vicomte tandis que son fils doit s’évader pour échapper à une punition injuste. Arno découvre alors la monstruosité de la famille Pouly de Belmont.
"L’Ogresse" finit par être châtiée, mais Arno n'est que le spectateur du drame. C’est Jonas qui imagine une vengeance atroce à sa propre manière. Il est vrai qu’il est cuisinier.
Telle est l'Ogresse, un récit étrange qui ressemble davantage à un drame antique qu'à une aventure américaine. Lors de sa sortie, cet album m'avait décontenancé et, aujourd'hui encore, il me laisse une impression de décalage. Je me demande parfois si Jacques Martin n'a pas transposé dans cette série un scénario qu'il avait d'abord imaginé pour Alix. Quant à Jacques Denoël, il dessine conscencieusement cette tragédie au ton shakespearien mais on remarque qu'il n'a pas encore trouvé son propre style. Le dessinateur se conforme convenablement au modèle martinien mais les images manquent encore un peu de l'audace et de la conviction qui sont nécessaires pour nous faire croire à cette histoire. Il résulte de tout cela un album plutôt original, qui nous fait voyager dans l'Amérique à l'époque coloniale, mais aussi un récit qui reste malheureusement à moitié convaincant.
Cette aventure emmène Arno de l’autre côté de l’Atlantique, dans une Amérique qui vient de conquérir son indépendance. La Louisiane n’a pas encore été vendue aux Etats Unis et les rives du Mississipi sont bordées par les florissantes propriétés des planteurs de coton. Curieusement, ce vaste pays peuplé de colons français est alors sous domination espagnole. Il faut se souvenir que la Louisiane avait été cédée à l’Espagne par Louis XV à l’Espagne à la fin de la Guerre de 7 Ans, avant que Napoléon ne la récupère aux débuts du XIXème siècle, pour la vendre presque aussitôt aux américains.
Arno a traversé l’Atlantique pour délivrer la belle Camille mais cette quête tourne vite court puisqu’il la retrouve mariée au contremaître John Greenwood. Plutôt que de repartir dépité vers l’Europe, il acquiert le domaine de Twin Alleys où il découvre la vie oisive et les mœurs relâchés de ses voisins. Parmi eux, la comtesse Armande de Pouly de Belmont (l’ogresse du récit) nous permet de retrouver un portrait classique du monde martinien : celui de la dangereuse « marâtre », dont le comportement sans scrupule va être à l’origine d’un drame sanglant. Relevons que ce genre de tragédie se retrouve surtout dans certaines aventures d’Alix, comme par exemple le Fils de Spartacus ou le Cheval de Troie.
La fortune de ces riches fermiers provenait de la richesse du pays, bien sûr, mais aussi de la tyrannie qu’ils exerçaient sans scrupule sur leurs esclaves. La majeure partie du récit raconte les malheurs d’une famille noire, dont le chef de famille Jonas est devenu cuisinier dans la maison de « l’Ogresse ». Sa fille est assassinée par le jeune vicomte tandis que son fils doit s’évader pour échapper à une punition injuste. Arno découvre alors la monstruosité de la famille Pouly de Belmont.
"L’Ogresse" finit par être châtiée, mais Arno n'est que le spectateur du drame. C’est Jonas qui imagine une vengeance atroce à sa propre manière. Il est vrai qu’il est cuisinier.
Telle est l'Ogresse, un récit étrange qui ressemble davantage à un drame antique qu'à une aventure américaine. Lors de sa sortie, cet album m'avait décontenancé et, aujourd'hui encore, il me laisse une impression de décalage. Je me demande parfois si Jacques Martin n'a pas transposé dans cette série un scénario qu'il avait d'abord imaginé pour Alix. Quant à Jacques Denoël, il dessine conscencieusement cette tragédie au ton shakespearien mais on remarque qu'il n'a pas encore trouvé son propre style. Le dessinateur se conforme convenablement au modèle martinien mais les images manquent encore un peu de l'audace et de la conviction qui sont nécessaires pour nous faire croire à cette histoire. Il résulte de tout cela un album plutôt original, qui nous fait voyager dans l'Amérique à l'époque coloniale, mais aussi un récit qui reste malheureusement à moitié convaincant.
Dernière édition par Raymond le Dim 10 Aoû - 17:59, édité 4 fois