Raymond a écrit:Je ne sais pas si vous êtes d'accord, mais l'album BD me semble moins infantile que le film, alors que l'on pourrait lui reprocher les mêmes défauts. C'est probablement le caractère artisanal de la BD qui lui donne une certaine grâce, tandis que la machine hollywoodienne échappe difficilement à la vulgarité.
(Tu veux sans doute parler des dessins animés niaiseux qu'on a tiré d'Alix ?)
Machinerie hollywoodienne ? Bof. Le film a été tourné au Canada, dans un tout petit studio artisanal... Snyder a photocopié la BD, puis l'a découpée vignette par vignette pour coller celles-ci sur des fiches et en faire un
story board, en essayant de trouver les liaisons, car un découpage ciné n'est pas un découpage BD. Le film est très fidèle à la BD. Sa principale, sinon unique, entorse est l'introduction du personnage féminin de Gorgo, la reine.
Ce que je déteste dans la BD comme dans le film, c'est la lecture judéo-chrétienne de l'éphorat. Les éphores (magistrats spartiates) sont présentés comme des vieillards libidineux et "lépreux", dont la principale occupation consiste à violer de belles jeunes filles spartiates. Et se laisser corrompre par les dariques perses (dariques, pièces d'or (*)).
Cette incapacité à comprendre/à admettre le paganisme est typique de l'heroic fantasy anglo-saxonne, à commencer par CONAN LE BARBARE. Sur ce point, et sur ce point seulement, je rejoindrai les détracteurs du film.
Pour le restant, le discours bobo-baba cool m'énerve. C'était la curée, l'habituele discours anti-américain primaire. Oui, c'est bizarre de voir les Perses tels des zombis à demi-putréfiés (quoi, ils ne sont pas réellement comme ça ? Merde, j'ai été floué alors ?) et commandés par une
drag queen nègre. Mais c'était le propre des géographes de l'Antiquité, puis du Moyen Age, d'imaginer les contrées lointaines peuplées de gens de cette sorte (cf. développement sur mon site). Un ennemi n'est jamais tout à fait un être humain. Comment pourrions-nous le tuer, s'il n'était un monstre ?
Les horreurs qu'on racontait chez nous, en Belgique, sur les Ulhans, les lanciers allemands de 14-18 qui clouaient les enfants aux portes des granges, coupaient des mains etc. !!! Il est vrai que les Allemands - héritage de la guerre de 1870 -, avaient la phobie des francs-tireurs... mais c'était nous, les Belges, qui coupions les mains aux nègres qui ne voulaient pas récolter le caoutchouc. Hors ça, les soldats allemands n'étaient ni meilleurs ni pires que les nôtres.
J'avais lu dès sa sortie en français, le bouquin d'Hanson. Excellent. Excellent ! Et quand la BD est sortie en français, j'ai vu avec plaisir qu'il y était référencé. Bien sûr, j'avais un peu de mal à retrouver dans la BD la technique hoplitique expliquée par le prof américain. Frank Miller s'intéressait davantage au mental, qu'à la précision archéologique. Les Grecs combattaient en armure, mais représentaient leurs héros nus, comme des athlètes olympiques. Il avait visité le site des Thermopyles (moi aussi), mais ensuite il décanta toutes ces informations pour en tirer sa propre histoire.
___
(*)Ce n'est que quelques générations plus tard, pendant la Guerre du Péloponnèse, que les Spartiates deviendront les alliés objectifs des Perses, et accepteront les dariques...