Il est vrai que le sexe du partenaire n'a pas d'importance, pour les Romains. Ce qui importe c'est la qualité de cette relation : un mâle Romain doit être dominant, ce qui - entre autres - exclut toutes sortes de câlins pour nous normaux, mais qui impliqueraient une certaine passivité/soumission masculine qui caractérise le débauché, l'
impudicus. Je ne dis pas que les Romains ne s'y adonnaient jamais, je dis seulement que c'était mal vu ! Deux mille ans avant Oliver Stone (PLATOON) et Clint Eastwood (LE MAITRE DE GUERRE),
fellator était une injure courante au sénat comme dans les pissotières de Rome.
(À ma connaissance, la seule fresque représentant un
cunnilingus a été trouvée dans un bordel à Pompéi ! On n'imaginerait pas cela dans la chambre à coucher d'une personne respectable comme ces deux scènes de nuit de noce BCBG trouvées dans la «villa sous la Farnésine» à Rome, qui semble avoir appartenu à Agrippa et Julia, fille d'Auguste.)
http://www.peplums.info/pep54m.htm#b
http://www.peplums.info/pep39c.htm#b22a
Bref et pour en revenir à Alix et Enak, s'ils étaient homosexuels (cette catégorie était inconnue dans l'Antiquité, le mot n'ayant été forgé qu'au XIXe s.), il faudrait logiquement penser que l'un des deux au moins était passif. Enak étant, crois-je, lui aussi devenu citoyen romain, ç'aurait été très mal perçu !
Un citoyen ne pouvait se livrer à des jeux érotiques qu'avec un(e) non-citoyen(ne) (esclave ou pérégrin(e)). Coucher avec une citoyenne autre que son épouse est une injure grave, qui risque d’altérer la postérité du cocu à long terme (Jules César avait le chic de cocufier ses ennemis politiques, peut-être pour tirer des vers du nez sous la couette – ainsi Mucia Tertia, épouse de Pompée !).
Cela dit, je ne suis pas sûr que Jacques Martin se soit réellement soucié - dans TINTIN !!! - de refléter la vraie sexualité des Romains. Ce fut déjà problématique de révéler les petits seins de Malua etc. Dans aucun album Alix n'a chez lui, à Rome, des esclaves. Seulement des serviteurs ! C'est d'ailleurs marrant car en latin classique esclave se dit
servus et non
slavus, qui est du latin médiéval. Mais soit. Par quelque bout que vous le preniez, Alix reflète des valeurs de boy-scout catholique fonction de son lectorat.
Voyez comment sa liaison avec la reine Adrea (qui aurait pu être sa mère), révélée par une phrase sibylline, a été fraîchement reçue par certains lecteurs bien-pensants.
Et même dans les années 80’, les passages les plus hard de Jhen n’auront pas droit à une publication dans TINTIN. Ces histoires sortiront directement en album. M’enfin, quoi !!!
Les Romains étaient très pudiques, ce que le grand public a du mal à admettre. Je m'en rends bien compte, car lorsque je parle de l'Antiquité avec un quidam lambda, j'ai tout de suite droit à des sous-entendus salaces sur les moeurs d'Alexandre ou de César !
Bref, l'homosexualité vraie ou supposée du couple Alix-Enak ne fait pas partie de mes préoccupations, encore moins de mes fantasmes. Je voulais juste tacler la préférence (?) d'Alix pour Khéphren. En fait je m'intéresse davantage - je l'ai dit et redit - au contenu historique de cette BD qu'à la vie privée de nos héros de papier. Mais Jacques Martin, quant à lui, il se gargarisait de ces zones d'ombres – il suffit de relire ses interviewes.
Enak est-il transgenre ? De ma part, ce n’était qu’une boutade. Un prêté pour un rendu, qui vaut bien la mésaventure de ce pauvre Khephren dans le temple de Cybèle. De fait, ce qu’Alix et Enak font ou ne font pas sous la couette, je m’en cogne. De même que de savoir qui est la mère de Titus : Valérie Mangin nous le révélera bien à heure et à temps comme dit plus haut.