Merci à Renard qui louche pour l'émouvante planche "personnelle" qu'il nous a donnée de
La grande menace. Je n'ai personnellement découvert cette première aventure de Lefranc qu'à la fin des années 60, dans un vieux Tintin relié (le n°17) dégotté dans une petite librairie rennaise qui liquidait avant fermeture définitive.
Mais ma première rencontre avec le reporter bleu (blazer) blanc (chemise) rouge (cravate) a eu lieu une dizaine d'années plus tôt, en mai 1960. Je viens d'avoir onze ans et je passe un jeudi après-midi chez ma grand-mère, qui m'offre un "Tintin" - magnifique cadeau pour moi à l'époque! Sur la couverture,
Clifton à New York :
A l'intérieur
Route de nuit,
Aventure à Sarajevo,
Duel dans le ciel,
Disparus à Tohacoco,
Les requins du ring... [on ne connaissait pas notre bonheur!], ainsi qu'une histoire qui se passait à deux pas de chez moi, aux petites heures du matin, dans un port breton, même si Morgastel ne me disait rien et si les noms des chalutiers côtiers : Du Guesclin, L'Epervier, Marie-Naute... "sonnaient" un peu à côté de la plaque. Bara an aod, Kan ar mor ou Liou an amzer auraient mieux fait l'affaire, car dans ces années-là, on parlait breton à bord des bateaux de pêche - mais avec un patron nommé Yves Le Guen le doute n'était pas permis.
J'avais sous les yeux la planche 34 (page 36) de
L'ouragan de feu :
dont on peut voir la mise au net page 7, post 168, du thème "L'ouragan de feu".
Inutile de dire que j'ai tanné ma grand-mère pour pouvoir lire la suite (aucun espoir du côté de mes parents : j'étais déjà abonné à
Coeurs Vaillants, c'était bien assez, les devoirs et les lectures "sérieuses" passaient d'abord!) - et j'ai réussi à suivre l'aventure pendant encore une dizaine de planches, jusqu'au moment où Borg et Fisher décident d'embraser la planète en révélant l'invention de Le Gall (je ne comprenais pas tout, mais je ressentais que cela aurait pu être "vrai", comme à la télé) :
... Il a fallu que j'attende le noël de 1962 pour enfin pouvoir lire l'album du Lombard, dont la magnifique couverture me narguait dans la vitrine de la librairie devant laquelle je passais tous les jours en revenant de l'école. Coïncidence, le reportage de Jean Pradinas sur Jean-Pierre Abraham et le phare d'Armen venait d'être diffusé dans "Les coulisses de l'exploit"...